Toulemonde apporte son bonheur

« Calme-toi, Odette, calme-toi. » Le refrain de cette nouvelle et le film écrit et réalisé par Eric-Emmanuel Schmitt sert à retourner l’héroïne éponyme, une héroine joyeuse et passionnée, dans le monde réel, chaque fois que ses pensées prennent leur envol et tentent de lui porter loin. Ce refrain fonctionne comme un baume calmant pour moi aussi, quand je me sens accablé ou attrapé par le monde interieur. « Elle était si vive, si impatiente, si enthousiaste qu’elle avait l’impression de s’envoler. » Le personnage d’Odette Toulemonde est jouée avec grande luminosité par Catherine Frot, une actrice connue en France pour ses personnages paysannes et simples. Comme dans le rôle de Hortense Laborie l’année dernière (approfondir ici). Elle incarne la joie dans ce rôle, mais aussi de chagrin et de détermination; le contentement avec sa vie, même si cette vie est discrete comme la mer du Nord. Une vendeuse et plumassière, elle avait élevé ses deux enfants comme veuve. Mais, « Odette avait reçu un don : la joie. Au plus profond d’elle, il devait y avoir un jazz-band jouant en boucle des airs entraînants et des mélodies trépidantes. Acune difficulté ne la démontait. Face à un problème, elle cherchait la solution. Puisque l’humilité et la modestie constituaient son caractère, n’estimant pas, en toute occasion, qu’elle méritait mieux, elle ne sentait guère frustrée. » Le film a sorti en 2006, la nouvelle a été écrite pendant le tournage du film, mais le livre Odette Toulemonde et autres histoires a été publié quelques mois avant le film a sorti. Les deux sont mélangés dans mes pénsées. L’histoire s’agit de la vérité : un jour Schmitt avait reçu une lettre comme laquelle Odette écrit à son auteur préféré, Balthazar Balsan, après leur rencontre gênante à la séance de dédicace, où elle incapable d’articuler un mot et elle reçoit l’inscription Pour Dette dans son livre. C’est un moment dont j’y pense à chaque rencontre avec un écrivain. Bien en avance, je me dis « ne fais pas comme Odette, ne dis pas ses betises. » Car, évidemment, je vomis mes mots sans sens.

L’histoire d’Odette commence avec cette rencontre. Puis, son fils lui convainc à écrire cet écrivain une lettre en expliquant l’importance énorme qu’il a dans sa vie. Odette hésite à le faire, parce que dans son opinion, il trouverait bizarre que « une femme qui écrit mal écrivant à un homme qui écrit bien » et elle commence sa lettre avec « je n’écris jamais car, si j’ai de l’orthographe, je n’ai pas de poésie. » Cette lettre est une merveille, pleine de la poésie grâce à sa simplicité et sa sincérité, elle parvient à transmettre cela mieux que quelqu’un d’habile à la flatterie. Il faut trouver les mots pour écrire une lettre, de se calmer et réfléchir. « Calme-toi, Odette, calme-toi. » Même si je n’aurais déjà pas éprouver mon adoration pour les lettres, (lire plus ici) cette lettre m’aurait touché au fond. En toute simplicité les livres de Balsan ont sauvé sa vie, puis la lettre d’Odette a sauvé la sienne. Après sa tentative de suicide et de l’évasion de l’hôpital, Balsan lit sa lettre et cherche à Odette. Il a besoin pour faire une break de sa vie et ses paroles sont si pur, honnête et sincère qu’il sait que si elle voulait vraiment dire ce qu’elle a écrit, si elle l’aime, il peut retourner à la vie et la possibilité du bonheur. Il frappe à la porte d’Odette quand elle est en train de fabriquer l’île flottante, de monter les œufs en neige, perdu dans la musique de Joséphine Baker. Elle l’invite, non seulement pour les livres qu’il avait écrit et comment il a changé sa vie, mais aussi pour sauver ses blanc d’oeufs de dégonfler.

Comme Camus écrivit dans La Peste, « Il n’y a pas de honte à préférer le bonheur. » Cette histoire se concerne avec le bonheur de soi et ne pas le bonheur des autres. Sauf on voit dans le personnage d’Odette que son bonheur n’est pas égoiste, elle aide les gens, ses voisons, sa famille, elle donne avec bonté et c’est à travers cette aide qu’elle reçoit son bonheur. Elle reçoit aussi son bonheur dans la lecture : oui, ce sont les livres légèrs ou mélodramatiques, écrits pour les concierges, caissières et coiffeuses. Pas simplement contente, elle est heureuse : avec la force que ses livres lui apportaient, Odette vit avec joie. Elle avait choisi le bonheur d’une vie moche. Par contre, Balsan avait inventé son passé des clichés et ses rêves d’enfance.

La description de Balsan comme héros pour les pauvres en esprit, et ne pas pour les vraies lectrices, sert de rappel pour moi de ne pas être un tel snob lorsqu’il s’agit de littérature. Et parfois cela arrive avec la lecture, surtout avec les livres simples, les livres qui racontent une histoire et ne sont pas simplement un exercice en style. On n’a pas tous le même goût, tout le monde ne suit pas le même chemin dans la vie. Le critique Olaf Pimms avoua que les livres de Balsan méritent « la poubelle, et vite. » mais quel droit avons-nous de juger le plaisir et le bonheur d’un autre? Sauf, la critique est necessaire. Je pense au livre de Laurence Cossé, Au bon roman, et de sa librairie pleine des romans valeureux, les livres qui méritent. Il faut les cultiver, il faut les choisir avec soin, mais il ne faut pas permettre le snobisme à empêcher le bonheur.

Le bonheur est un thème sur lequel Schmitt écrit souvent. Son roman Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran est un hommage au livre La Vie devant soi de Romain Gary et un exposé sur le bonheur. Mais l’histoire d’Odette est franche et honnête au sujet. Elle célèbre la sincérité et la gentillesse. Et en prenant des risques pour changer la vie. La nouvelle et le film ont quelques différences. Schmitt a voulu capturer le monde intérieur d’Odette dans le film à travers le personnage de Jésus Christ comme son contrepoint. En lavant les pieds des jeunes hommes dans le quartier, portant une croix sur la colline à la mer du Nord, du mal à respirer pendant sa crise cardiaque. Je ne suis pas convaincue que le film a besoin de cette superposition. Frot exprime tout cet émotion avec son visage, mais je ne vais pas plaindre trop car ce style permet aussi l’imagination d’Odette de rayonner à travers le film dans un style légèrement magic-réalisme, un peu de la fantastique.

Pour moi, cette histoire sert de rappel de la simplicité du bonheur, le plaisir on trouve dans la lecture et la puissance d’une lettre qui pourrait changer la vie.

Et avec cela, j’ai mes œufs en neige…

Charity Bliss

traduit en italien par Laura Testoni: Toulemonde porta la sua felicità

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