La musique qui requiert la confiance

« Jazz is about freedom within discipline. » Ce sont les mots de Dave Brubeck, un pianiste du West Coast ou cool jazz de la Californie, qui était connu pour ses « time signatures » qui jouent avec les rythmes traditionnels et l’improvisation comme dans sa chanson célèbre Take Five, une chanson en 5/4 rythme.

Quand j’avais vingt ans, je m’étais inscrit dans un cours sur l’histoire de la musique de jazz. Mon professeur, Art Davis PhD, était un musicien assez connu qui jouait la contrebasse. Il était également un psychologiste qui a étudié la musique classique à Julliard (un grand école de la musique). Pendant sa carrière comme musicien, il a joué avec tous les « greats » : John Coltrane, Thelonius Monk, Miles Davis, Charlie Parker, Louis Armstrong, Max Roach… Mais il avait vu (d’un distance trop près) les tendances destructrices que les drogues et la vie dure d’un musicien pouvaient apporter et il a décidé que son vrai talent restait en aidant les autres à travers les mots et les études. Il a continué à jouer avec les groupes de temps en temps, pour ajouter son rythme à un disque ou concert, mais il s’était rendu compte que les risques à sa vie et son bonheur a été énorme et il a pris soin dans son comportement. Je pense aussi qu’il était en mesure d’examiner les tendances autodestructrices dans ses amis et se sont battus avec eux pour une vie meilleure. Je sais qu’il a été secoué par son incapacité à sauver son grand ami, John Coltrane. Je ne savais pas encore à cette époque, mais il est impossible de sauver la vie d’une autre personne. Nous continuons à essayer parce qu’il faut essayer, c’est la juste chose à faire, mais c’est la chose la plus difficile au monde à regarder cet échec. Je n’étais jamais tout à fait certaine, en l’écoutant, s’il avait pris la bonne décision de renoncer sa musique pour vivre avec soin. Certes, il a répété et joué encore, mais j’avais vu son nom sur les « liner-notes » des disques les plus influents dans la musique de jazz et sachant qu’il avait abandonné tout, m’a laissé dans le doute. Oui, il a pris la décision sage, mais c’était aussi comme s’il avait tourné son dos sur son art. Je n’avais pas compris. Mais, j’étais encore jeune.

En effet, il m’a appris la musique, le langage et les styles différents. Il m’aidait à développer mon oreille et mon palais pour la musique, car comme dans la cuisine, il faut élever le deux. Je préfère penser que sa décision était parfaitement en accord avec de caractéristiques de la contrebasse: c’est le vrai chronométreur du groupe, elle est régulière et fiable, elle laisse le saxophone et la trompette prennent l’attention, mais elle sait aussi son valeur au sein du groupe. Selon la légende, ou alors comme le professeur Davis a insisté, Lester Young avait enseigné une jeune Billie Holliday à chanter, pas aux trompette et sax (ces représentations de la voix humaine), mais plutôt à la basse, la colonne vertébrale du groupe, qui garde le rythme et donne structure à la musique. Elle cimente le son, l’histoire, si vous voulez, de la chanson.

Thelonious Monk avoué : « At this time the fashion is to bring something to jazz that I reject. They speak of freedom. But one has no right, under pretext of freeing yourself, to be illogical and incoherent by getting rid of structure and simply piling a lot of notes one on top of the other. There’s no beat anymore. You can’t keep time with your foot…There’s a new idea that consists in destroying everything and find what’s shocking and unexpected; whereas jazz must first of all tell a story that anyone can understand. », (Pour paraphraser, que même si le jazz a un air de la liberté, il s’agit des règles aussi. Ce n’est pas simplement les notes dans un style cacophonique l’une après l’autre. Avant tout, le jazz devrait raconter une histoire.) La voix humaine joue avec le saxophone et la trompette : ils s’entrelacent l’un contre l’autre pour créer leur chemin à travers la musique. Enfin, pour raconter une histoire à l’audience. Et comme vous pouvez imaginer, parlez à moi d’une histoire et je vous suivrai n’importe où pour l’entendre. Comme un enfant de Hamelin qui suivait le joueur de flûte dans le conte de fée.

L’article de Laura, La pensée qui danse la musique d’une vie, m’avait inspiré, surtout sur la musique de jazz et de la collaboration entre les musiciens et de leur confiance en l’autre. Là, elle écrit sur la philosophe italienne Chiara Zamboni qui a dédié un étude sur « pensée en présence » où, pour citer Laura « elle l’a comparée à un groupe qui fait de la musique de jazz. Dans les jazz chacun produit un son, après un autre reprend et développe la vibration et l’intensité sonore, et ainsi encore et encore. Il y a des éléments de crissement, des éléments d’harmonie, des notes basses et d’autres aïgues, enfin chacun ajoute, apporte son rythme et les musiciens suivants continuent. Tous contribuent à créer une mélodie qui respecte son antécédent, qui se prépare à passer au succéseur, et qui se dévoile au fur et à mesure des expérimentations. C’est un faire musique aux rebondissements infinis, improbables, toujours nouveaux, forcément originaux. Fragments de pensées qui dansent. » Pour citer encore Thelonious Monk, un de plus grands pianistes de jazz, « Talking about music is like dancing about architecture. », « Parler de la musique c’est comme danser au sujet de l’architecture. », or pour trouver mon inspiration de Laura : danser la musique d’une vie.

Les musiciens qui jouent ensemble dans un groupe ont les talents complémentaires, ils répètent ensemble, ils connaissent la musique par cœur, puis dans le moment, il y a quelque chose qui arrivent : ils improvisent avec le son, les notes, la mélodie, ils expriment ce qui reste dans leur cœur quand la musique y parle. Les grands musiciens vous diraient que vous devrez pratiquer l’improvisation. C’est une compétence à l’apprendre. Dans les mots de Charlie Haden, « When we first started playing we did a lot of rehearsing. We used to write out everything. In fact, that’s the way everybody rehearses: we play the tunes and improvise. » , quand ils avaient commencé à jouer, ils ont écrit chaque note, et apprenaient à jouer par le bias des répétitions. 

Comme l’amitié, l’improvisation exige de la confiance, confiance en soi et dans l’autre afin de permettre une conversation libre et ouverte: un véritable échange d’idées. Il faut préparer soi-même pour le spectacle. Pour citer encore Laura, « Le rapport dialogique du problématiser signifie s’interroger pour penser et voir la réalité et cela déclenche la possibilité de l’amitié, c’est-à-dire la possibilité de s’encourager réciproquement à avoir confiance de/en soi-même, car savoir donner confiance à l’autre est la condition essentielle pour que celui-ci/celle-ci trouve les énergies nécessaires pour mettre en discussion ses propres pensées, même celles plus enracinées, seulement ainsi on pourra apprendre à problématiser – sans peur ou orgueil – le cœur de la vie de l’esprit. En d’autres termes: même quand on est en désaccord, la pensée de l’autre a valeur et vice-versa. »

Dans les coulisses de notre blog, cette phrase s’est mis en route un tempête de conversation entre nous sur la question de confiance, inspiration et les doutes que je porte sur mes propres compétences et mon niveau de langue française. Son article m’a touché au fond, en part car j’ai compris ce langage du jazz. Alors, ces collaborateurs, ces musiciens d’un groupe de jazz, jouent avec confiance. Il est d’une importance essentielle qu’ils travaillent avec une confiance absolue dans l’autre. Et j’ai dû rendre compte que ce travail de Laura et moi est comme cela aussi, on fait confiance et on donne confiance en l’autre, d’une manière réciproque et respectueuse. Sauf pour quand je craint que mon style ou talents manquent la force de les seins. Mais il est injuste à penser comme cela, après tout chaque musicien joue un instrument diffèrent. La chose intéressante s’est trouvée dans ces différences, les rythmes et mélanges du styles. La confiance dans l’autre pour reprendre le fil et le suivra. Cet équilibre, le fil de la musique, reste entre contrôle et liberté, les règles qui gouvernent la musique ce sont une glace des règles de l’univers. Car même s’il s’agit des notes de la musique, le style de jazz leur donne la liberté à jouer et expérimenter dans les limites des règles. Ce genre de musique faudrait la confiance : en l’autre et en soi-même, ce genre de l’écriture aussi.

Le jazz comme genre avait dans son origine un mélange de styles. Il a explosé hors de la pauvreté et oppression, l’esclavage, l’exploitation et racisme, un moyen d’unir les cultures et les musiciens: une joyeuse réponse à un monde brutal et sévère. Il s’agit dans son cœur un équilibre de la contrainte et la liberté. Mais il ne faut pas oublier que le jazz n’était jamais destiné à être une musique de calme et tranquillité. Ce n’est pas la musique pour les ascenseurs. Il est fort et cacophonique. Il peut, parfois, être dérangeant, comme la vie- à la fois difficile et exaltante avec des pensées parfois disparates et une voix en concurrence pour attirer l’attention. Mais il élève l’âme aussi.

Je pense à Miles Davis. Un grand musicien et un vrai artiste dans le sens qu’il pensait et expérimentait toujours. Ses styles variaient du bop, du jazz des cotés est et ouest au fusion et acid jazz. Dans ce sens je le décris comme Serge Gainsbourg. Il ne me plaisait pas toujours, mais j’ai le respect absolu pour lui.

Il est intéressant pour moi à noter que les musiciens américains de jazz ont trouvé leur ville à Paris. Cette musique sortait des villes de La Nouvelle Orléans et New York (surtout à Harlem). Mais pour certains musiciens afro-américains dans les années entre les guerres, beaucoup entre eux se déplacent à l’étranger et s’y installer. Leur jazz a influencé la culture et les caves à Saint-Germain et les bars américains à Montparnasse.

Les musiciens, même dans les groupes les plus établis trouvent les moyens pour expérimentation. Ils se sont rendus compte qu’ils peuvent apprendre les choses nouvelles (les sons, un style) des autres musiciens, et parfois ils ont invitées quelqu’un d’autre pour jouer avec eux pour un période de temps, pour enregistrer un disque ou seulement « un set » dans un club. C’est pour cela que mon ancien professeur avait participé à si nombreux projets. Alors, c’est pour cette raison, nous avons décidé d’inviter quelques nouveaux musiciens de mots à faire entrer dans notre groupe les étincelles des mots. Le noyau restera la même, mais parfois les notes, les instruments et mots d’un autre peut donner un souffle de l’aire et inspiration.

Charity Bliss

tradotto in italiano da Laura Testoni: La musica che richiede la fiducia

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