La ville se donne aux histoires

Nous les lecteurs, on rencontre souvent une ville bien après que l’on la connaissait sur la page. Certaines réputations littéraires sont bien méritées, la ville elle-même devient un personnage de l’histoire. Et l’esprit des lieux est palpable. Rencontrer une ville dans un roman est différent que dans une photographie ou un film ; là on essaie de recréer les angles et la lumière. On veut nous aligner parfaitement avec la photo pour revivre l’expérience. Mais dans les livres, on est libre d’imaginer, de nous projeter dans l’histoire et le rencontrer de nouveau. Presque comme si quelqu’un que on a rencontré dans un rêve, en réalité sur la page, a maintenant s’anime. Anna Quindlen a écrit dans son livre, Imagined London: « Before I was a novelist, or a journalist, or even an adult, I felt about London the way most children my age felt about pen pals. I knew it well, but only at a distance, and only through words. ». Parfois, on connait déjà la ville et en lisant on découvre un aspect différent – un soupir quand on reconnaît notre rue ou café. Par exemple dans le livre No et Moi par Delphine de Vigan, quand je l’ai lu, je m’étais installée dans un appartement dans la rue de Charenton où un de ces personnages, un sans-abri, a fait sa tente. Je suis passé par le n° 29 chaque jour sur mon chemin vers le métro et ce livre m’a forcé à voir ma ville, même ma rue, d’une manière nouvelle. Il m’a touché énormément.

On vit tous dans nos villes uniques, secrètes, insolites. Ma ville n’est pas la vôtre, même mon Paris n’est pas la vôtre. On parle de la ville de quelqu’un, comme de Beauvoir, le quartier de Saint-Germain-des-Prés. On pourrait l’imaginer en traversant les rues, cachée dans ses cafés, en écrivant. J’ai découvert les rues de Belleville par les romans de Daniel Pennac. Marseille par Jean-Claude Izzo et son flic, Fabio Montale. New York par Paul Aster et Dorothy Parker. Édimbourg a bien mérité sa réputation de ville de crime (pas à cause de la violence) mais avec les policiers de Ian Rankin, Kate Atkinson, Alexander McCall Smith. Parfois, on découvre de nouveau un endroit par les livres des autres: le Los Angeles de Joan Didion, Dashiell Hammett ou par les yeux des étrangères comme Christa Wolf. Ou peut-être une ville imaginée comme laquelle de China Miéville dans son policier, The City and The City, son style de « elastic fiction », un mélange du réalisme magique et le science-fiction. Deux villes et leur habitants partagent le même espace et se forcent de ne voir pas l’autre. On pense aussi de Tara dans Autant en emporte le vent. Ou comment n’importe quel maison dans le campagne en Angleterre fera nous penser d’un meurtre.

Comme le commissaire Adamsberg des livres de Fred Vargas, je marche dans les villes, c’est ma façon de connaître un nouvel endroit, ainsi que pour combattre le décalage horaire. Mets-moi vers le bas et je suis comme un jouet extraordinaire de rouage d’horloge qui vous embobiner et regardez comme il repart. Je peux vous passer dans la rue sans un moindre regard de reconnaissance. J’ai besoin de me perdre dans mes propres pensées. C’est aussi comment je connais la ville de Paris si bien, j’ai parcouru pratiquement chaque centimètre de la ville. « Qu’est-ce que tu as fait aujourd’hui? », on me posait, « Je me suis promenée. » la réponse. Il se sent étrange à dire, mais c’est ce que j’aime mieux: je me promène à travers une marche, au long de la Seine, vers les Boulevard Saint-Michel et Raspail, dans les librairies, léchant les vitrines des magasins de chaussures et un retour dans les pâtisseries. Donc quand j’ai l’occasion de visiter une nouvelle ville – c’est mon premier vœu, ce que je peux explorer et où je peux manger ?

Alors, on va explorer ces villes et leurs histoires, en se promenant, flâneur par le biais de leurs rues. Prendre un virage, un coin, et soudainement on est transporté à travers le temps, ou sur la page et, instantanément, l’histoire s’anime pour un instant qui, souvent, sent trop petit d’avoir l’envie de partager. Est-ce que c’est vraiment passé? on pense, Je viens de marcher dans un roman? Réels ou imaginaires, ces moments existent dans nos mémoires et sur la page, même si seulement sur la page. Mais, parfois, on a des moments où l’âme d’un endroit s’aligne parfaitement avec nos souvenirs littéraires que notre imagination s’appuie nous dans l’histoire et on nous sent la ville vivante.

Je commence avec une histoire surréaliste sur la ville de la Nouvelle Orléans. Une nuit, très tard au long de la rivière Mississipi. Il m’est arrivé une nuit dans cette ville dans le quartier français à Jackson Square, l’ancien Place d’Armes. La réputation littéraire de la ville mélangées avec la ville de physique et en un seul instant que je pourrais presque croire que les mythes de la ville étaient vraies et qu’ils étaient venu pour me tirer dans leur histoire.

J’étais venue à la Nouvelle Orléans pour une conférence et de travailler comme bénévole deux ou trois ans après l’ouragan Katrina. La ville est belle, connue pour beauté majestueuse si décomposée. Elle n’était pas encore restaurée de la catastrophe. Je ne sais pas combien il était à cause de l’infrastructure de gouvernement corrompu ou d’un manque de désir de ses citoyens. Je ne veux pas donner l’offense. Je l’ai trouvé belle, les gens chaleureuses et accueillants, mais il y avait aussi un contentement dans leur mode de vie que je n’y étais pas habituée. Bien sûr, il existait d’indignation dont plus n’avait pas été fait, mais également les habitants savent que les ouragans reviendront chaque année. Ils ont choisi de rester là. Mais les bâtiments et l’architecture font penser d’une autre époque et de Paris lui-même, mais en couleur! Les clubs de jazz, les bars et les restaurants, les musiciens de blues comme Big Al – trop gros pour passer dans les coulisses entre ses séances, il a pris ses pauses à l’ombre avec les projecteurs éteint autour de lui.

Une nuit, après une visite à voir Big Al dans Canal Street, puis les beignets et un café au lait à la chicorée au Café du Monde, ouvert 24 heures sur 24, son emplacement jusqu’en face du Jackson Square avec l’architecture gothique de le cathédrale de Saint-Louis et ses artistes en plein air. J’étais en train de retourner toute seule à mon hôtel au petit matin. Il était tard, enfin tôt, et les rues étaient calmes mais pas désertées, ou en tout cas, je ne sentais pas dangereux. Comme si c’etait New Orleans Square chez Disney après la fermeture du parc. Il y avait un élément d’intemporalité dans ce moment, du Sud dans ses débuts, l’influence français et créole. La place enveloppée par les grands arbres, les chênes immenses.

Tout à coup une volée d’oiseaux s’est élancé à travers le ciel nocturne, étrange car les oiseaux ne sont pas habituellement dehors au milieu de la nuit, et ceux-ci étaient sombres et s’annonçaient avec un cri un peu différent. Ils volaient vers moi et puis ils ont cerclé encore parmi des grands chênes. Avec une crainte écœurante, j’ai entendu dans leurs appels un grincement et je me suis rendue compte que ce n’était pas une volée d’oiseaux mais une nuée de chauves-souris dans la soirée d’octobre humide, dehors pour se nourrir, en un essaim comme des nuages noirs de tempête s’approchant. Ils ont volé droit sur moi, autour de moi et j’ai entendu les sons des rongeurs qu’ils pourraient bien être. En un éclair, je pouvais voir comment un mythe est né, que bien sûr une histoire de vampires existerait dans cette ville parmi ces chauves-souris, l’élégance en décomposition de la ville, les maisons grands mais clos, avec la pauvreté qui les entoure. La corruption, une métaphore de la ville dont elle est à ce jour. Mes pensées reliaient les romans d’Anne Rice, Entretien avec un vampire, avec les pièces de théâtre de Tennessee Williams.

Ce qui m’amène à imaginer des histoires littéraires d’autres villes que l’on rencontre sur les pages bien avant que dans la vie. Les impressions que l’on en a surtout quand on la connait par la littérature s’imposent sur la vie. Notre imagination littéraire prend le relais et nous fournir une expérience beaucoup plus riche que nous aurions autrement dû. Quant à j’ai brièvement imaginé, tôt le matin à la Nouvelle Orléans, si les vampires pourraient existent réellement et si cette éventualité serait ma fin. Et si les histoires s’animeraient dans la ville et m’avaler entière?

Charity Bliss

tradotto in italiano da Laura Testoni: La città si dà alle storie

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