Umberto Eco et la découverte de la vie en abîme

Parfois il me semble que Umberto Eco me suit; non, non pas l’écrivain italien lui-même, mais ses livres. Peut-être il vaut mieux de dire qu’il laisse des petits emprientes pour me signaler que je suis sur la bonne voie. Il se présente comme un grand djinn bibliophile, en disant « Que veux-tu savoir cette fois? Et en quelle langue? ». Comme d’habitude, je répond: tout. Avez-vous remarqué qu’il existe certains livres que l’on trouve par hasard (par magie, je crois) au bon moment et qui changent la vie? Au risque de développer une obsession, on est frappé par le désir de lire l’œuvre entière de l’auteur. Soudainement les nouveaux chemins d’intérêt apparaissent partout et le livre original et l’histoire de sa découverte sont transformés dans un mythe. Ils deviennent une partie de notre propre histoire, signifiant par son apparence, encore une fois, que tout ira bien.

Moi, j’ai trouvé ce livre, Le pendule de Foucault, par la morte de mon père, séparé depuis longtemps en esprit. Je l’ai arraché d’un carton désigné pour une librairie d’occasion et accompagné par The Analytical Greek Lexicon, ces deux livres sont mon héritage de lui. En le lisant, je lui ai retrouvé encore et peut-être pour le première fois, une rencontre de sortes entre adultes. Un ingénieur, je pouvais lui imaginer au Conservatoire des Arts et Métiers, comme Casaubon, en expliquant les théories sur les inventions pendant ma visite au musée. Je ne peux pas vous dire pourquoi exactement je l’avais choisi. Certes, je ne lisais jamais à cette époque les romans policiers ou le sci-fi et ce livre portait bien cet air. J’étais trop snob sur ce point car convaincue que la littérature devait être sérieuse pour être utile. Mais le description du Jeu, raconté avec un humour aigre et malicieuse de la blague littéraire, mis en mouvement par les hommes qui possèdent plus de livres que le sens commun m’a touché. Ici je reconnaissais mon peuple: bien lu -oui, d’accord, même trop lu- avec une mémoire pleine de connaissances arcanes et diverses qui devrait lier toutes les théories du monde, qui peut apprécier les absurdités dans la vie. Ou peut-être ma main était guidée par la direction indiquée par mon père qui m’aurait dit « prends-le et lis », « tolle et lege » une phrase du Saint Augustin j’ai découvert dans Le nom de la rose. Je l’ai pris et ma vie littéraire changea pour toujours; les vestiges de la rancœur que j’ai porté envers mon père a commencé à diminuer avec ce petit geste. Plus tard, j’ai retrouvé un édition d’occasion à Paris en français au moment où je n’étais pas du tout certaine que je pourrais apprendre cette langue. Je l’ai pris et j’en savais, oui.

Le pendule de Foucault a servi comme une porte d’entré au monde de l’auteur. J’ai dévoré ses romans, surtout son best-seller mondial: Le nom de la rose. Ce polar déguisé par son emplacement dans un monastère médiéval. Les idées que ce livre m’introduisaient sur les livres, les significations, les symboles et, encore, leurs significations m’ont conduit à ses essais sur ses études de la sémiologie, le langage, puis la traduction. D’ailleurs, même notre expérimente, ce blog littéraire a, pour moi, en ses racines la peur que je finirais comme Salvatore qui « parlait toutes les langues, et aucune. » Oui, c’est drôle d’écrire comme une américaine sur un écrivain italien en la langue française. Une sorte de traduction d’une traduction d’une traduction. Sauf, ce n’est pas juste. Les langues mélangent. On peut comprendre une autre sil’on entend bien. Dans ses livres on trouve un respect pour les autres langues, pays, cultures, idées, histoires, mythes et surtout le pouvoir des mots, des livres. Pour ma part, il m’a donné l’envie de faire mes propres études sur les sujets dont il avait écrit. Pour retrouver la vérité cachée derrière ses romans. Pour apprendre encore une autre langue. Comme Eco a dit dans une interview parue sur La Repubblica et traduite en français par La Libération « Il n’y a pas de lecteur plus sévère et entêté qu’un traducteur, qui doit peser mot après mot. » C’est aussi vrai pour celles en train d’améliorer une langue.

Récemment, il a sorti un nouvel édition du nom de la rose en Italie. Un version « light » au milieu de beaucoup de controverses. Là, il s’agit moins de phrases en latin, plutôt comme l’édition anglaise avec les phrases qui commencent en latin et finissent en anglais. Comme la plupart des américains je n’ai pas grandi avec le latin et je ne comprends plus que quelques phrases et mots; quoique je n’ai pas grandi dans l’église catholique, elle est un monde à part et me fascine. Sauf, j’ai pu comprendre et apprécier ce livre. Ce n’est pas pour moi à dire s’il a raison à le faire car je n’ai jamais lu en la langue d’origine, mais pour moi, ce livre a été toujours comme cela: un mélange de tout, un polar sur les manuscrits enluminés, la philosophie médiévale, les idées nouvelles qui battent contre la tradition. Et si quelqu’un le prend parce qu’il aurait plus compréhensible, est-ce qu’il a tort? C’est pour cela qu’on lit: la découverte d’idées et agrandir le monde autour de nous. On ne doit pas forcement être d’accord avec tout ce que l’auteur écrit, un grand écrivain permettra à son travail de s’ouvrir à la discussion.

Je suppose que pour moi la chance d’avoir rencontré Eco réside, au delà de la connaissance de sa poétique, dans la contingence d’être tombée sur ses livres quand je n’étais pas encore rendue compte que je pourrais être intéressée à tout. Les humanités, la littérature, la cuisine, les langues, l’histoire, les philosophies, l’architecture, les voyages; que je pourrais lire les bouquins ainsi que les grands romans littéraires et que la vie est aussi grande pour contenir ces études et tant d’autres. Ses livres m’ont appris cela.

Charity Bliss

traduzione in italiano di Laura Testoni: Umberto Eco e la scoperta della vita “en abîme”. Una storia nella storia

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